Avis Scarpa Ribelle Run 2

Avis Scarpa Ribelle Run 2 2025

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Levente Dorogi

Scarpa Ribelle Run 2 - Chaussure de Haute Montagne a Trail Technique

Profil du testeur : 43 ans | 1,98m | 80kg | Expert
Conditions du test : Froid - Chaude Mont d'Olmes / Mont Calm / Ax les Thermes
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Chaussures de trail Scarpa Ribelle Run 2

Points forts

Escalade / Grimpette / Technique / Course de Créte
Accroche, stabilité, solidité, rigidité

Points faibles

Forme / Confort / Amorti

Scarpa Ribelle Run 2

Ça a commencé mal, mais comme toute histoire, ça finit mieux. Au début, j’ai vraiment pensé que je n’allais pas trop utiliser, voire pas du tout utiliser cette paire de Scarpa. J’avais tellement de soucis et je me sentais tellement mal à l’aise dedans, que c’était très dur mentalement de remettre ces grimpeuses vertes à mes pieds.

Ça m'a serré partout. Surtout à l’avant du pied, ça comprimait vraiment les métatarses et les orteils. Je me sentais coincé aussi au talon, limite ça me faisait mal au tendon d’Achille. L’amorti, malgré une mousse assez épaisse, était inexistant. La chaussure ne se pliait pas avec mes pieds, ne bougeait pas avec eux. Cette rigidité envoyait mes pieds, mes chevilles et mes genoux directement dans l’angle des cailloux. Les lacets trop fins me coupaient presque les pieds à chaque foulée. Les crampons, assez longs, faisaient que je frottais souvent contre les pierres et racines. Franchement dangereux.

Après les premières sorties un peu plus longues, j’ai compris que j’avais besoin de les “casser” correctement avant de les envoyer au combat. Je les ai sorties 5–6 fois par semaine :

• 2 sorties marche nordique, avec 250 m de D+ bien raide.

• 3–4 sorties de récup avec des accélérations type 10 × 10 sec ou 10 × 15 sec.

Au bout d’1 mois et demi, en prenant mon temps, je me suis habitué aux chaussures. Elles sont devenues bien plus souples et maniables, mais pas trop. Depuis, je suis capable de tout faire avec, comme avec mes autres paires… sauf le long run. Mais en échange, elles m’ouvrent un autre style de sortie, bien plus efficace. On en parle plus bas.

L’accroche

Comme dit plus haut, ce n’était pas fou au départ. Déjà vécu ça avec d’autres modèles. La fine couche plastique en surface sort d’usine lisse et glissante, juste pour fermer les cellules du matériau. Mais dès qu’elle s’use, la vraie accroche arrive.

Avec certains modèles, comme les semelles Michelin des Xero ou encore celles des Nike Zegama 1 ou Kiger 8, ça reste dangereux et inutilisable. Mais avec Scarpa, c’est tout l’inverse.

Certaines gommes sont devenues des références historiques : Vibram, Stealth, Pomoca, Frixion, Inov8… Désormais je confirme qu’il faut rajouter PRESA à la liste.

La semelle est juste incroyable. Avec la rigidité et la précision de la toe box, on peut caler la pointe du pied sur une petite prise inclinée, et ça tient. Traverser une dalle rocheuse à 60° ? Ça ne décroche pas. C’est ultra solide. Je suis choqué par la confiance que ça donne. En course de crête, limite alpi, ce serait mon premier choix. Si j’avais eu ces Scarpa à l’époque de l’ELS2900 dans les Pyrénées, j’aurais été bien plus serein !

Et en plus, le caoutchouc n’est pas mou. Les crampons gardent leurs angles agressifs, essentiels pour mordre dans le terrain accidenté, humide ou boueux.

👉 Verdict accroche : phénoménale.

L’amorti

Il n’y en a pas, et c’est très bien comme ça. Perso, je n’aime pas les semelles exagérément épaisses. La seule paire que je tolère dans ce style, c’est l’Adidas Agravic Speed Ultra. Le reste, ça ne me va pas.

Les mousses type ZoomX qui s’écrasent sous le pied, je trouve ça inutilisable en trail. Quand on alterne marche, grimpe et course, il faut une plateforme stable et efficace. Scarpa propose exactement ça : une mousse dure, assez épaisse pour protéger la plante, mais pas au point de faire perdre la stabilité. Pas de rebond, certes, mais on ne reste pas collé non plus. Il faut bosser avec ses muscles, tout simplement.

Le seul hic, c’est la rigidité. Elles se sont assouplies depuis le rodage, mais elles restent plus rigides que d’autres modèles que j’utilise. C’est parfait pour coincer un pied entre deux rochers ou faire un peu d’alpi léger, mais après 5 h sur une crête, à la descente, ça manque de souplesse et d’amorti.

👉 Conclusion : pas pour les longues sorties trail “classiques”. C’est une chaussure taillée pour la course de crête, le skyrunning classique - peut-être. Si elle perdait 50 g, elle rivaliserait avec une Merrell SkyFire. Et connaissant l’Italie, où le titre de “champion de skyrunning” est ultra prestigieux, Scarpa pourrait clairement viser ça. (Si vous avez vu Frédérick Tranchand sur le championnat du monde ... Merrell Long Sky 2 Matrix !)

La tige

Le haut ressemble à une chaussure d’approche, avec ce gros pare-pierres rembourré qui fait le tour. Protection nickel, surtout en grimpant sur des prises serrées. Par contre, oui, ça rajoute du poids. Beaucoup !

Testée entre 35 °C et 10 °C, ça passe bien. Pas de surchauffe malgré les renforts. Le textile respire assez. Voir Super bien !

Le laçage m’a bluffé. Au départ, je doutais, surtout en comparant à Salomon (Genesis, Pulsar). Mais après 100–120 km, quand la semelle et le mesh se sont assouplis un peu , j’ai pu serrer à fond sans que ça coupe les pieds. Nickel. Seul détail : les lacets sont un peu longs, obligé de faire deux tours autour de bloque-lacet. Plus esthétique qu’autre chose, mais à revoir sur une version Ribelle 3.

Le haut de tige autour de la cheville est super élastique, ça ferme tout et empêche cailloux et poussière de rentrer. Magique. Huit heures dans le massif du Mont Calm, caillouteux à mort : aucun réajustement nécessaire et rien sous le pied.

Pas de mousse autour de la cheville, mais pas gênant du tout. La forme tient le talon parfaitement. Avec de bonnes chaussettes (ni trop épaisses ni trop plastiques), ça ne bouge pas d’un millimètre.

Je vois déjà à certains endroits que le rembourrage autour de l’avant-pied se décolle du textile. On verra avec le temps si cela continue de se détacher ou si ce n’est qu’un début qui restera tel quel.

Les sensations

Une cinquantaine de sorties avec :

• Beaucoup de courtes avec accélérations.

• Beaucoup de marche nordique.

• Des courses de crête.

• Quelques randos longues.

• Des trails jusqu’à 30 km.

Le seul vrai défaut pour moi, c’est la forme trop pointue. Sur longues distances, ça pousse trop le gros orteil vers l’intérieur et compresse les autres malgré la pointure juste parfaite. Impossible pour moi de faire un ultra ou même 20–30 km à fond avec ça. L’amorti, l’accroche, le textile, le poids, la stabilité : parfaits. Mais cette forme héritée des années 80/90, franchement, non. Aujourd’hui, toutes les marques arrondissent ou élargissent le toebox (Salomon, Nike, Adidas, Brooks…). Même en route, la tendance va vers plus anatomique ou carré. Scarpa doit encore évoluer là-dessus !!!

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Verdict

Si je cherchais une chaussure de trail, est-ce que je l’achèterais ? La réponse n’est pas évidente. Pas parce que c’est une mauvaise chaussure — au contraire, la Scarpa Ribelle Run 2 est excellente. La plupart des gens, surtout en vraie montagne, vont adorer.

Moi, ça fait 20 ans que je cherche une paire proche du naturel : structure, sensations, forme et amorti qui laissent travailler le pied. J’ai adoré la Scarpa Spin Ultra il y a quelques années (Lavaredo 50, UTCAM 145 km).

Aujourd’hui, si j’habitais au pied de barres rocheuses techniques pour grimper tous les jours, sans longues approches, alors oui, la Ribelle Run 2 serait mon premier choix. Précision, grip de fou, maintien parfait.

Elle a sa place dans ma rotation, mais je l’utiliserai moins qu’en phase de test. Disons une fois toutes les deux semaines, pour les sorties grimpettes… ou pour aller chercher des champignons sur des pentes à 35–50°, avec falaises en dessous et terrain glissant. Pas une blague : c’est presque un sport extrême !

Merci encore à Scarpa et Outzer pour cette paire très spéciale !

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PS : J’ai terminé mon test il y a un peu plus d’un mois, mais j’attendais l’occasion de mettre ces godasses sur une vraie épreuve, surtout pour avoir des belles photos. J’ai hésité à les chausser pour le 42 km du Mont Calm ou le 30 km du Trail des Cascades, une course bien boueuse. Finalement, je me suis dit non : elles ne sont pas encore prêtes pour ce genre d’aventure. J’ai préféré leur rajouter quelques bornes avec des chaussettes épaisses, sur des terrains très exigeants qui tordent les pieds dans tous les sens, histoire de casser encore un peu plus la structure. Ce week-end, le 5 octobre, je me suis inscrit à un petit trail à Chalabre.

Le problème n’est pas forcément que la Scarpa soit une mauvaise chaussure. Tu mets le pied dedans, ça passe. Mais hier, 24h avant la course, j’ai fait un petit comparatif : quelques centaines de mètres avec les Ribelle, puis les Nike Kiger 10. Ensuite retour aux Ribelle, puis échange avec les Salomon Genesis. Pour finir, j’ai couru 1 km avec les Scarpa avant de passer aux Merrell Skyfire Matrix 2. Le constat est clair : j’ai une belle rotation de chaussures, et malheureusement, la Scarpa ne joue pas dans la même cour.

Robustesse, résistance, accroche, construction… tout ça compte, évidemment. Mais pour vraiment exploiter tes capacités en trail et sentir tes chaussures comme une prolongation de tes pieds, il faut autre chose. Des qualités plus fines, plus sensibles. 

Si vous vous souvenez, Kilian a gagné toutes les grandes compétitions avec la S-Lab blanche, quasiment sans crampons. Une chaussure qui, en théorie, n’était adaptée à aucune course technique ! Et pourtant, il a appris à la dompter, à la contrôler. Même parallèle avec un ami pilote moto, sponsorisé par Dunlop à l’époque. Il me disait que le pneu était très loin des performances Michelin ou Pirelli. Mais il avait réussi à ressentir exactement à quelle allure et quel angle le pneu décrocherait, et comment reprendre la moto en cas de glissade. Je n'arrive pas de sentir les Ribelles !!!

Le seul terrain où je peux vraiment utiliser les Ribelle avec plaisir, c’est sur les barres rocheuses, un peu comme une chaussure d’alpinisme. Mais pour approcher les sommets, puis redescendre, il me faut quand même une paire de pompes confortables.

***Pour les raisons susmentionnées, pas de photos en vrai action cette fois-ci, mais je vais essayer d’alimenter le dossier au fur et à mesure…

Pour qui ?

Coureurs avec des pieds fins, pour terrain très très technique

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