Via ferrata :   histoire, conseils et matériel

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Via ferrata : histoire, conseils et matériel

La via ferrata permet de découvrir des itinéraires spectaculaires et ludiques. Pour s'y aventurer en sécurité, il convient d'être bien équipé, et de bien comprendre son environnement.
article Petzl
AlexOutzer
Texte :
Photos :
Petzl - Vuedici
Les via ferrata offrent une approche ludique de la verticalité, que l'on soit pratiquant débutant ou confirmé, elle constituent un moyen idéal de s'aventurer au sein d'un environnement naturel privilégié. Elles permettent de profiter de panorama spectaculaires, entre amis ou en famille, sur des parois où évoluent normalement les grimpeurs, mais où les aménagements en place permettent de progresser sans pré-requis technique spécifique.
Cependant, si la pratique ne requiert pas de formation technique au long cours préalable, il est essentiel pour profiter au mieux de l'activité de comprendre le bon fonctionnement du matériel employé pour s'assurer, ainsi que de bien appréhender l'environnement au sein duquel on évolue.

La via ferrata : une histoire vieille de plusieurs siècles

Une discipline issue de l'alpinisme

Si l'origine de la via ferrata est souvent associée à l'armée italienne lors de la guerre 1914-1918, il faut remonter un peu plus loin, et se déplacer quelques kilomètres au Nord pour trouver les premières traces d'installations du genre. En Autriche, dès 1843, la première ascension du Hoher Dachstein est suivie de l'équipement d'échelles, de cordes, et de pitons tordus sur l'itinéraire de montée afin de faciliter le parcours des futurs répétiteurs qui viendraient apprécier la vue offerte depuis le sommet et ses 2995m d'altitude. En 1869, toujours en Autriche, c'est sur le point culminant du pays cette fois-ci, sur le Großglockner, haut de 3978m, qu'est installée une corde permettant d'adoucir la difficulté de l'ascension.

Côté Français, le premier équipement remarquable de ce type se voit installé dans la voie normale du Mont Aiguille, aménagée de façon sommaire en 1876 à l'aide de câbles en chanvre. Ils furent ensuite remplacés ultérieurement en 1878 par des câbles métalliques plus durables. 

Enfin autre équipement emblématique que l'on se doit de citer : celui du sommet de la Marmolada en 1903, point culminant des Dolomites, avec 3 343 mètres d'altitude, qui constitue aujourd'hui l'une des via ferrata les plus fréquentée des Alpes.

Le dénominateur commun entre ces différents aménagements est qu'ils permettent d'atteindre un sommet dans une logique alpinistique, pour le simple plaisir de la visite, ou pour reprendre le vocabulaire de l'époque, de sa "conquête". 

Et vint la guerre

En 1914-1918, c'est la guerre et non le plaisir de l'ascension qui voit l'armée italienne s'inspirer des techniques employées dans les Alpes autrichiennes. Pour faciliter le transport de ses troupes et du matériel en terrain escarpé, elle aménage certains passages délicats dans les Dolomites à l'aide d'échelles et de mains courantes. Il faut cependant s'imaginer que ces aménagements étaient bien loins du standard de sécurisation et de confort des parcours actuels, et les accidents n'étaient alors pas rares sur ces parcours développés pour parer au plus efficace dans un contexte militaire. Le caractère sommaire de ces installations les conduit d'ailleurs à tomber dans un oubli relatif après la guerre.

Place aux loisirs 

C'est au cours des années 30 qu'une action conjointe du Club Alpin Italien et de la Societa Alpinistica Trentina réhabilite une partie de ces itinéraires dans un but sportif. Le tracé des parcours se trouve alors modifié, afin de les adapter à une logique touristique, en offrant désormais des tracés plus sécurisés et ludiques.

En France, c'est en 1988 que la première via ferrata à vocation purement sportive voit le jour à Freissinières, au Sud de Briançon. Elle est équipée dans le même esprit que celles qui se trouvent alors dans les Dolomites, c'est à dire, avec un maximum de contact avec le rocher lorsque cela est possible, le recours aux échelles et barreaux de fer se fait uniquement lorsque les possibilités offertes par le rocher ne permettent pas un franchissement aisé. L'activité se développe désormais en tant que telle, éloignée de ses débuts alpinistiques, puisqu'on ne s'aventure plus sur ces parcours pour atteindre un sommet, mais bien pour le plaisir de l'itinéraire.

Les décennies qui suivent voient la création d'une variété de nouveaux itinéraires, qui perpétuent le développement de la discipline, désormais affranchie du cadre alpinistique de ses débuts. Des parois situées à basse et moyennes altitudes sont équipées, et le caractère ludique de l'activité continue  de prendre le pas sur la dimension montagnarde : les itinéraires sont davantage équipés en barreaux et échelles, afin de permettre le franchissement de passages plus spectaculaires et insolites. 

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Du matériel qui évolue avec l'activité

Avec l'évolution de la discipline vers une logique plus sportive, et au fil des progrès techniques réalisés par les fabricants, le matériel a du s'adapter à ces changements et aux attentes des pratiquants. 

Si les premières via ferrata se trouvaient en haute-montagne et induisaient la maîtrise de techniques d'alpinisme, ou si leur parcours dans un contexte militaire sous-entendaient une certaine acceptation du risque, le développement de la discipline en tant qu'activité ludique a nécessité une adaptation du matériel pour pouvoir offrir des conditions de parcours sécurisées et confortables. 

Lorsque l'on pratique la via ferrata, l'un des principaux risques est de chuter. Si ce genre d'évènement reste plutôt rare, il est bien évidemment nécessaire d'avoir un matériel de sécurité adapté afin d'en réduire au maximum les conséquences.

Aux prémices de la pratique, de simples sangles étaient utilisées pour se sécuriser, mais celles-ci étant statiques, une chute, même de faible hauteur, pouvait conduire à leur rupture. Des longes en corde ont alors été employées, intégrant un système d'absorbeur coulissant qui permettait à la corde de glisser dans le mécanisme en cas de chute, et ainsi restituer un minimum de force au grimpeur. Leur grand avantage était d'être réutilisable, mais les garanties offertes en termes de sécurité étaient trop variables pour être jugées fiables. En effet, leur efficacité pouvait par exemple varier dans le temps en fonction du vieillissement de la corde et de sa propreté : le bon coulissement et le dynamisme du dispositif diminuaient, et la longe jouait de moins en moins bien son rôle d'absorbeur d'énergie : on se retrouvait au fil du temps avec un système de plus en plus statique. Pas terrible en cas de grosse chute.

C'est au début des années 2000 que les longes à absorption par déchirement ont fait leur apparition. Leur principe ? En cas de chute, une sangle cousue sur elle-même se déchire partiellement, et absorbe l'énergie générée par la chute. Il s'agit du système actuellement encadré par la norme EN 958 : 2017, et qui est donc commercialisé par l'ensemble des fabricants, puisqu'il s'agit d'une obligation légale. Ce système permet de proposer un système d'absorption d'énergie qui conserve ses propriétés dans le temps par rapport au système précédent. De plus, il permet de couvrir une large plage de poids : la norme en vigueur prévoit que les longes doivent être adaptées pour des personnes pesant entre 40 et 120kg.

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Et en cas de chute ?

Si les parcours de via ferrata et le matériel dédié sont conçus pour offrir des conditions de progression les plus sécurisantes possibles, il est important de garder en tête que l'évolution se fait au sein d'un environnement naturel en constante évolution, et que des risques associés à la pratique persistent. Un bon moyen de s'en prévenir et de s'attacher à les comprendre. Le cas de la chute est une situation qu'il est important de comprendre, de par les différentes conséquences selon les configurations possibles : 

  • Lorsque l'on évolue à l'horizontale et que l'on tombe, la hauteur de chute est égale à la longueur des sangles des longes (en prenant en compte leur élasticité), soit 1,08m sur un modèle Petzl Scorpio (Vertigo ou Eashook) par exemple. Dans ce cas-là, la situation est plutôt favorable, puisque les forces exercées sont faibles : on se retrouve alors simplement légèrement suspendu sous le câble, et le système d'absorption par explosion ne se déclenche pas. 
  • Quand on s'élève à la verticale en revanche, la hauteur de chute peut-être bien plus importante que les 1m08 précédemment évoqués. La nouvelle norme d'équipement de via ferrata prévoit que les ancrages doivent être espacés de maximum 3 mètre dorénavant (contre 5 mètres pour la précédente norme). On perd certes en confort, car le nombre de manipulations des mousquetons s'en trouve augmenté, mais le gain de sécurité engendré est très important. Dans le cas d'une chute lors d'une progression verticale, la situation la plus défavorable est celle où l'on tombe en fin de fractionnement, juste avant de passer les mousquetons de sa longe sur le tronçon suivant. Les mousquetons glissent alors jusqu'à l'ancrage précédent, et on chute tout d'abord de 3m, auxquels il faut ajouter le mètre de la longueur des sangles de notre longe, soit 4m de hauteur de chute. Dans ce cas, la force exercée par la chute est telle que l'absorbeur doit se déchirer pour restituer un minimum d'énergie au grimpeur, et déployer les 2,20m de sangle contenus dans le système : on obtient alors une hauteur de chute potentielle d'un peu plus de 6m. Pour que tout se passe bien, il est nécessaire que l'espace situé sous le grimpeur soit libre. En effet, si par malchance un obstacle (vire rocheuse, arbre, barreau métallique...) se trouve en contrebas, la chute peut devenir dangereuse si on le heurte, avec à la clef un risque d'accident malgré le bon usage de la longe. On ajoutera par ailleurs que si la nouvelle norme prévoit des ancrages espacés de 3m, on trouve encore bon nombre de via ferrata présentant un espacement de 5 mètres entre les fractionnements, avec à la clef des chutes plus importantes.

Pour autant, il ne s'agit pas de vous dissuader de vous aventurer en via ferrata, mais d'être bien conscients des risques inhérents à la pratique afin de pouvoir mieux les gérer. Les parcours sont pensés pour offrir un cheminement esthétique et ludique, sans chercher à pousser les pratiquant dans leurs retranchements physiques. Les différents parcours sont classés par niveau de difficulté, afin de permettre de s'y engager en connaissance de cause en fonction de son niveau : ne soyez pas trop ambitieux dans vos choix d'itinéraires, afin d'éviter de vous retrouver à gérer une situation potentiellement délicate.
Et en cas de bras qui chauffent trop, ou pour analyser un passage, il est possible de se reposer en se longeant, soit à l'aide du système intégré à votre longe si celle-ci en possède un, soit à l'aide d'une longe supplémentaire.

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Des longes toujours plus confortables et légères

Si la dernière norme en vigueur concernant l'encadrement des caractéristiques techniques des longes de via ferrata date de 2017, les fabricants ne se reposent pour autant pas sur leurs lauriers. En effet, les marques continuent d'essayer de proposer des produits toujours plus ergonomiques afin de vous permettre de profiter des parcours avec le moins de contraintes matérielles possibles.

Chez Petzl par exemple, la gamme Scorpio figure depuis maintenant quelques années au catalogue, mais celle-ci a subi au fil de ses versions bon nombre d'améliorations. Pour cette saison 2025, la marque française dévoile une toute nouvelle version de sa gamme, qui se décline désormais en 4 modèles différents, pour répondre aux différents usages, profils, et budgets.

Tout d'abord, on trouve les longes Scorpio Vertigo, du nom du mousqueton intégré, qui constituent une porte d'entrée intéressante pour découvrir la pratique. La manipulation du mousqueton Vertigo est déjà fort ergonomique, et permet de proposer une longe à un prix plutôt contenu afin de vous permettre de découvrir l'activité, et d'envisager une pratique ponctuelle. La version Scorpio Vertigo est elle-même déclinée en deux versions : une avec émerillon, et l'autre sans. Celui-ci permet la rotation des brins élastiques, et leur évite de s'emmêler pendant la progression lors des clipages des tronçons. Si vous envisagez une pratique plus régulière, pensez-y ! 

Autres modèles disponibles à partir de cet été, les longes Scorpio Eashook, du nom du mousqueton haut-de-gamme éponyme. Elles visent à offrir une manipulation plus ergonomique, et leur objectif est d'offrir un parcours aisé, afin d'être la longe de prédilection des pratiquants réguliers, ou de ceux qui mettent l'accent sur le confort, pour des itinéraires plus fluides, et éventuellement plus techniques. Et pour un confort maximal, les longes Vertigo Eashook sont également déclinées en une version avec émerillon, et une version sans. 

Mousqueton Eashook à gauche, et mousqueton Vertigo à droite

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On peut observer sur le visuel ci-dessous le fameux émerillon, disponible en option sur les longes Scorpio Vertigo et Scorpio Eashook. Sa conception a été revue, pour lui permettre de fonctionner de manière optimale même dans des environnements poussiéreux ! Bon ce n'est tout de même pas une raison pour ne pas prendre soin de son matériel, mais les modèles avec émerillon procurent tout de même un confort appréciable, en évitant de se soucier du toronage des sangles au fil de la progression.

Le fameux émérillon. Les modèles qui l'intègrent portent la mention SW : Scorpio Vertigo SW et Scorpio Eashook SW

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Enfin, autre élément qui pourra intéresser les propriétaires d'une longe Petzl Scorpio, le nouveau système d'absorbeur.

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Le nouvel absorbeur est plus simple : il n'y a plus besoin d'ouvrir de zip pour effectuer de vérification de la sangle de l'absorbeur d'énergie

Adrien Dumas, chef de produit Petzl

En effet, si celui-ci bénéficie du gain de poids et de compacité auxquelles les nouveaux produits nous habituent désormais, la vérification du bon état du dispositif d'absorption d'énergie s'effectue désormais plus simplement. Dorénavant, une simple inspection visuelle de l'extérieur de la housse de protection suffit afin de vérifier qu'elle ne comprend aucune amorce de déchirure comme le montre l'illustration ci-dessous.

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Et comme sur Outzer, on ne s'en tient pas qu'aux présentations, et qu'on aime bien vous faire tester directement le matériel, 4 longes Scorpio Vertigo SW et 4 longes Scorpio Eashook SW ont été mises en test ce printemps : 

Et pour aller plus loin, quelques bons réflexes à avoir pour une sortie en via ferrata réussie :

Pour conclure cet article, voici quelques petits conseils pour bien planifier votre sortie via ferrata, quelle que soit le type de parcours envisagé. Si vous êtes habitués à évoluer en montagne, vous ne devriez pas être trop surpris, bon nombre de ces conseils sont valables dans bien des terrains. :

  • Bien vérifier la météo avant de s'engager sur l'itinéraire : se faire surprendre par un orage en via ferrata est d'autant plus fâcheux que l'on se trouve en contact quasi-permanent avec des éléments métalliques...
  • Bien repérer l'itinéraire : topoter au préalable la longueur du parcours, sa difficulté, et bien étudier le retour une fois sortis de la via : le chemin de redescente se fait bien souvent par un sentier piéton différent de l'itinéraire de montée !
  • Estimer un horaire tout en se laissant de la marge : ne pas se sur-estimer soi-même, ainsi que le niveau du groupe, dont le rythme devra être calé sur celui du pratiquant le moins rapide. 
  • Emporter le matériel adéquat : les via ferratas se trouvent généralement en territoire montagneux, et en fonction de l'altitude, de la saison, et de l'orientation, les températures peuvent changer rapidement. Il est nécessaire d'emporter des vêtements adaptés, une réserve d'eau suffisante, ainsi qu'une petite trousse à pharmacie en fond de sac
  • Le port du casque est plus que fortement recommandé ! Au-delà du bénéfice lors d'une éventuelle chute, en terrain vertical, d'autres pratiquants peuvent se trouver au-dessus de vous randonneurs, grimpeurs...), ainsi que des animaux. Ceux-ci peuvent faire glisser des pierres, et même si celles-ci sont petites, elles peuvent rapidement atteindre des vitesses importants : couvrez-vous !

Enfin en fonction des configurations, et si votre pratique se fait plus régulière, la maîtrise de certaines techniques de cordes peut permettre de sécuriser la progression. Ces manipulations sont :

  • nécessaires si le poids du pratiquant se trouve hors des plages de poids préconisées : les forces de chocs restituées risqueraient d'être trop élevées.
  • rassurantes pour permettre de sécuriser quelqu'un qui serait peu à l'aise, en offrant un assurage supplémentaire sur des sections verticales par exemple.


Bel été à tous en montagne !

Cet article est une production Outzer réalisée avec le soutien de Petzl
AlexOutzer
Texte Alexandre
coucou

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