Avis Monksandals Monte Silentii 2017

Avant de commencer

Comment parler de minimalisme sans avoir vécu l’expérience de la sandale ? Oui, c’est la question que je me suis posée après quelques années à chausser des godasses se rapprochant de la fameuse « foulée naturelle ».

C’est en Pologne, où je vis une grande partie de l’année, que l’idée m’est venue. Un jour, j’aperçois deux mecs lors d’une sortie en montagne : ils déboulent sur moi, et je m’aperçois qu’ils gambadent… en sandales. Intrigué, je les interpelle.

Ils m’apprennent qu’il s’agit d’une marque polonaise, fabrication locale, avec la possibilité de commander sur mesure via un petit site web. (Je précise que je n’ai aucun lien avec eux — je ne suis pas là pour faire de la pub — mais pour les curieux, leur site est facile à trouver.)

Je passe commande quelques jours plus tard. Et c’est parti pour un an de test terrain.

PLACE AU TEST

Zoom sur la bête

• Confort :

Me voilà la paire en main. Toute noire, un look sobre mais qui a de la gueule. Plusieurs revêtements sont proposés lors de la commande, et j’ai opté pour le Cordura : un peu rugueux au début, mais qui m’a semblé le plus efficace en termes d’adhérence si les pieds venaient à être mouillés.

Une fois enfilées et les premiers réglages effectués, j’ai un super bon feeling. Je me sens tout de suite bien dedans… enfin, dessus ! Je m’attendais à un truc très raide… mais non : malgré une semelle fine et pas très molle, il y a une vraie sensation de confort. Les sangles maintiennent bien le pied, rien ne frotte, rien ne gêne, aucun point d’irritation. Et surtout : c’est ultra léger (220 g la paire !) — on a vraiment l’impression de ne rien avoir aux pieds. Juste une envie : partir courir pour confirmer tout ça.

J’alterne marche et course à pied lors des premières sorties, et c’est un autre monde. Difficile à expliquer… Peut-être est-ce le fait de ne presque rien avoir aux pieds, mais ça modifie complètement le rapport au sol.

En résumé : le confort est surprenant, malgré la simplicité rustique de ces sandales.

• Maintien :

Côté maintien, la sangle repose sur trois points d’ancrage traversant la semelle : un à l’avant, façon tong de plage, et deux de chaque côté du pied. L’ensemble est relié à une boucle de serrage centrale, qui permet de bien caler le pied sans que ça serre, ni que ça flotte. Simple et efficace. Une fois ajusté, le pied est bien tenu.

Pour la marche, rien ne bouge : le pied reste bien centré. Pour courir, c’est une autre histoire. Sur sentiers roulants ou à rythme cool, aucun souci. Mais dès qu'on accélère ou que le terrain se complique (dévers, pente…), le pied commence à faire un peu ce qu’il veut : il glisse parfois latéralement ou vers l’avant, notamment en descente. Au début, c’est un peu perturbant. Parfois, le gros orteil joue avec sa vie en flirtant avec le sol, mais reprend vite sa place une fois la pente calmée. (Testé en course, j’en sais quelque chose.)

J’ai fini par trouver une petite astuce : passer carrément le gros orteil dans la boucle. Ça tient mieux, surtout en descente. (Voir photo.)

Mais bon, quand on y pense : sans structure autour du pied, difficile d’imaginer un maintien parfait.

• Stabilité :

Logiquement, plus on se rapproche du pied nu, plus on gagne en stabilité. Moins d’interférences, plus de ressenti. Avec ces sandales, les appuis sont fermes, précis, et ça se traduit par une vraie sensation de contrôle. Je cours plus vite, plus confiant, qu’avec certaines baskets… sauf dans les sections vraiment techniques.

• Accroche :

La semelle est en gomme Vibram. Avec ça sous le pied, on part déjà serein. Les crampons sont peu marqués, mais bien dessinés — un bon compromis entre accroche et polyvalence. Ça mord juste ce qu’il faut, sans devenir pénalisant sur terrain roulant ou sur route.

Attention toutefois sur terrain boueux : j’ai fait de l’aquaplaning plusieurs fois.

• amorti : 

La gomme offre un juste compromis entre un côté un peu sec et une absorption agréable des chocs. Avec environ 1 cm d’épaisseur, la semelle permet de ne pas sentir les cailloux sous le pied — un équilibre idéal entre ressenti du sol et protection.

J’avais testé par le passé des sandales avec seulement 0,5 cm d’épaisseur : trop limite pour du trail, franchement douloureuses dans le technique.

• Solidité :

Pour moi, c’est clairement le point fort de ces sandales. On a tous déjà jeté une paire de chaussures complètement rincée, alors que la semelle était encore bien cramponnée… Là, il n’y a que la semelle Vibram. Au moins, plus de soucis ! Elles sont quasi increvables.

La sangle, elle, n’a pas bougé : aucune usure prématurée, aucun souci avec la boucle de réglage. (Des sangles de rechange sont d’ailleurs dispo sur le site, en plusieurs coloris, au cas où.)

Quant aux rivets, ils tiennent leurs promesses. Seul petit bémol — si on veut vraiment chipoter : les rivets sous la semelle sont censés être protégés par un petit cache en plastique. Avec le temps, ces caches ont sauté, les rivets ont donc légèrement rouillé… mais comme ce n’est pas visible, ça ne gâche ni l’esthétique ni la solidité des sangles.

Un mot sur la conception :

Pas grand-chose à redire. C’est une fabrication simple, soignée, sans fioritures. Les matériaux sont robustes, les finitions nettes, et le système de réglage bien pensé. Rien ne sonne bricolé. On sent que c’est conçu pour durer — et surtout, fait par des passionnés.

Conclusion :

Une sandale très réussie. Le site web est bien conçu, propose plusieurs options de coloris et de matériaux, ainsi qu’un kit de rechange. La fabrication est sur mesure : un gabarit est fourni pour marquer précisément l’emplacement des trous avant la commande. Bref, c’est intelligent, pratique — et surtout proposé à un prix défiant toute concurrence. Que ce soit dans le monde de la sandale ou de la chaussure en général, le rapport qualité/prix/durabilité est bluffant.

Et cerise sur le gâteau : c’est du made in Europe. Pas négligeable.

Alors oui, mon retour sur le maintien pourra en freiner certains… mais est-ce que ces sandales sont faites pour envoyer comme un cochon dans du technique ? Franchement, non. Sauf si vous avez envie de laisser un orteil dans un pierrier ! Elles sont pensées pour des sorties cool, pour la rando, pour bosser sa proprio, renforcer le pied, et retrouver des sensations.

Alors, à vos sandales… et bons runs !

Trailutation,

Chris.

« Une bonne bagnole fait pas le pilote. Mais ça aide à prendre les virages à fond »