Biidou aime cet Outzer LIVE
Encore un glacier, qui fond inexorablement, mais qui conserve toute la force de sa vieillesse.
J'adore aller faire cette course, qui ne passe pas par les sentiers battus.
Une autre façon de découvrir le Vignemale.
La voie normale grouille de touristes, d'instagrameurs montagnards de la dernière mode, alors passer par les arêtes me laisse encore un peu de liberté, de calme, et de connexion à ces sommets mythiques.
Montée la veille jusqu'au refuge de Baycellance, depuis le barrage d'Ossoue. Une montée tranquille, avec un soleil de plomb, des marmottes partout sur le chemin et quelques myrtilles me régalent!
Nous sommes 4 copains, je connais cette arête pour l'avoir gravi déjà 4 fois.
Ils voulaient découvrir cet endroit, aucun n'avaient été sur le toit des Pyrénées Françaises.
Le bivouac sous les étoiles aux abords du refuge, nous a offert une magnifique voie lactée, après un bon repas chaud. L'accueil au refuge est toujours bienveillant !
- Vous faites quoi comme course? Vous avez l'équipement nécessaire ? Vous repassez après ?
Cette âme de gardien de refuge est tellement importante à mes yeux, dans ce monde où plus personne ne fait attention à personne. Ici, on est chouchouté, attentionné, respectueux, ouvert ! Quelle réjouissance du coeur!
Il y a ceux qui sont là pour consommer la montagne, qui taguent les pierres sommitales, et puis il y a ceux qui ont les valeurs humaines d'authenticité et d'humilité. Je prône pour garder le plus possible ces valeurs!
Le lendemain, départ 5h30. Lever de soleil au petit Vignemale, 3032 m, mer de nuages, le 1er cadeau de la journée est sous nos yeux. C'est calme, serein, doux.
Nous sommes sur le début de l'arête à 6h30.
Tout le monde s'équipe, on est face nord, à l'ombre il fait froid! L'air remonte depuis le glacier, les gants sont appréciés.
Quelques consignes d'itinéraire de départ et de cordée, et nous voilà partis, attirés par la face ensoleillée.
L'itinéraire commence dans le goulet, puis traverse le fil de l'arête pour rejoindre 2 rappels de 15m. Un premier sur un goujon renforcé au béquet, le second sur un piton, que je renforce avec une cordelette sur le béquet attenant.
Le 2ème rappel est une beauté sauvage, juste au dessus des séracs et des crevasses du glacier de Oulettes.
On continue corde tendue jusqu'au soleil, nous voilà comme des lézards à nous réchauffer au col des glaciers.
L'arête continue sur l'épaule de Chaussenque, c'est facile, nous avançons corde tendue, le rocher se délite un peu, nous marchons sur des oeufs pour préserver des chutes de pierres la cordée suivante.
🌟Info historique : Vincent de Chaussenque était un Pyrénéiste topographe, dans les années 1800 qui a arpenté la chaîne et donné son nom à plusieurs passages ( épaule, pointe, brèche...)
Nous arrivons à la pointe de Chaussenque, 2 ème sommet de plus de 3000, après le petit Vignemale.
Là, deux choix s'offrent à nous : continuer l'arête par le piton carré puis le grand Vignemale, ou rejoindre le glacier et rattraper la voie normale du Grand Vignemale.
Le choix 2 est fait, car la roche délitée de schistes rouges sur le fil de l'arête est plus que désagréable.
La descente se fait par une vire, en désescalade, pour attendre un rappel dans les plaques de schistes rouges. Il est renforcé par plusieurs cordelettes et sangles, alors go !
Le glacier ayant reculé ces dernières années, ce passage avec rappel reste récent, mais bien pratique !
Nous voilà sur le bord du glacier, nous changeons d'équipement, les Friends sont rangés et on sort les crampons et le piolet.
Nous rejoignons la trace de montée de la voie normale. Certes les crampons ne sont plus très opportuns, mais le but est de familiariser mes compagnons de cordée avec les bonnes pratiques. Alors nous continuons corde tendue.
Il fait chaud, la neige est molle, on entend le ruisseau sous le glacier, ça fend toujours un peu le coeur, même si nous ne pouvons plus reculer devant cette fonte...
La montée finale au grand Vignemale s'ouvre devant nous, nous décidons de prendre un filon de schistes rouges sur la gauche, qui nous permet de ne pas être dans le couloir de montée classique et évite de prendre des cailloux qui dévalent, éjectés par les grimpeurs au dessus.
L'escalade en 2 est très aisée, il y a tout pour les mains et les pieds, le rocher tient bien, on est encore un peu seuls !
Nous arrivons au sommet.
3298m, il fait beau, les choucas planent et sifflent. Nous profitons d'une heure de repit, de pique nique, de contemplation. On voit toute la chaîne centrale, du Valier à l'Ossau. On s'amuse à se remémorer leur petits noms, Néouvielle, Aneto, Mont perdu, Brèche de Roland, Marboré, Grande Fâche, Pic du midi de Bigorre, Maubermé.....
Liberté, fierté, chance, d'être là, d'être sur les traces des premiers Pyrénéistes, d'avoir les connaissances et les capacités d'aller là haut....par les chemins de traverse!
La redescente se fera par la voie normale, jusqu'à la fin du glacier, puis nous regagnons la chaleur moite du fond de vallée. Les pieds sont à l'air, les regards pleins de félicité, et d'admiration ,et les cuisses bien sèches !
Le retour à la vie d'en bas peu commencer !!
Lieu :
Matos utilisé
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